Il y a un vaste champ entre les hommes : des kilomètres de blé, des crop circles partout où vous regardez. Vous vous y perdez ou vous vous rencontrez et vous ne savez pas ce qui est le mieux. Vous ressentez du désir, du chagrin et éventuellement de faux espoirs, vous vous écoutez. Et puis tu entends Kreisky, comme s’ils parlaient de votre âme. Sur leur sixième album, le groupe de rock viennois explore un continent sombre appelé « Atlantide », qui ressemble beaucoup à l’Europe mais, malgré toute son artificialité, semble bien plus réel.
Kreisky Renifler la colle sociale aiguise les sens. Le « rock honnête » sonne différemment. Kreisky sonne mieux : une section rythmique notoirement puissante (Klaus Mitter, batterie, et Lelo Brossmann, basse), une guitare radicale (Martin Max Offenhuber), de temps en temps un orgue, parfois un chœur, et des paroles (Franz Adrian Wenzl, chant), dans lequel les métaphores du désir se heurtent aux réalités de la vie quotidienne.
Une touche d’harmonie contemporaine (« Nous sommes au soleil du soir/Au milieu du champ/Allez, prenons une photo de nous ») se transforme vite en une rencontre inquiétante ; le contact avec les voisins semble être génétiquement prédisposé (« Votre enfant souffre tout simplement/TDAH ») et l’espoir d’un avenir est vain (« Je ne trouve pas de langue/Je ne trouve que des blagues stupides/Des blagues stupides et des connaissances sympas/ Et c’est comme ça que tu y arriveras/Si tu veux »).
Kreisky: Atlantis (Living Room Records / Rough Trade)